Jeunes et écrans : retour sur la projection-débat de « Et si on levait les yeux » de Gilles Vernet
Lundi soir j’ai eu la chance d’assister la projection du film Et si on levait les yeux ? Une classe face aux écrans, proposé par l’association des parents d’élèves du collège de mes enfants.
Un documentaire remarquable qui suit la réflexion d’une classe de CM2 sur la place du numérique dans leur vie, jusqu’à faire un voyage de classe en pleine nature, sans téléphones portables pendant 10 jours.
Ce parcours initiatique est porté par leur instituteur, qui, le temps d’une année scolaire, a embarqué ses élèves dans son combat face à l’invasion des écrans dans leur quotidien.
L’enseignant, c’est Gilles Vernet (auteur de Tout s’accélère, scénariste, auteur, conférencier), présent lundi soir.
Surexposition des jeunes aux écrans : une capacité langagière qui s’effrite
On vous propose ici un résumé des constats livrés par l’instituteur et de son message, aussi limpide que glaçant : quand on parle de contrôler la surexposition des enfants et des jeunes aux écrans, ça n’est pas simplement un enjeu de concentration, manque de sommeil, ou encore de cyberharcèlement ou du mal-être psychologique chez les ados. C’est aussi un enjeu de langage.
Gilles Vernet en fait le constat : la capacité langagière des jeunes s’est effritée depuis 10 ans, au fur et à mesure que la surconsommation et la dépendance aux écrans ont touché de plus en plus d’enfants et d’adolescents*.
Pourquoi ?
Quand le temps d’écran empiète sur le temps langagier
D’abord, parce qu’un écran est individuel. Le temps accru passé sur un smartphone ou une tablette, parents comme enfants, a entrainé de fait une baisse des interactions sociales, et en particulier du temps langagier au sein de la famille. Prenons le cas des adultes : aujourd’hui ceux-ci font face à une démultiplication de communication –téléphonie, textos, WhatsApp, messageries instantanées, comptes mail personnels et professionnels, réseaux sociaux et leurs messageries intégrées, etc. Autant de temps happé par ces canaux de communication qui n’est pas consacré à de l’interaction et de la discussion en famille. Or comment apprendre à parler sans parler ?
C’est aussi moins de temps pour la rêverie, le monologue intérieur
Aussi parce qu’un écran, cela monopolise l’attention : le temps qu’un enfant consacre à un écran, c’est autant d’occasions en moins d’expérimenter l’ennui, donc de se retrouver face à soi et de laisser libre cours au monologue, autre forme de langage ;
Et moins de temps pour la lecture, véritable machine à fabriquer de l’intelligence
Enfin, parce que la puissante attraction de l’écran empiète sur la lecture. Or la lecture est une machine à fabriquer de l’intelligence. Quand on lit un livre on absorbe le mode de pensée de l’auteur. On s’enrichit d’une pensée autre, donc riche pour son propre mode de pensée ;
Et on ne dit pas assez la puissance addictive du réseau social ou du jeu. Le principe est le même que pour les jeux de casinos. La récompense aléatoire – Tik Tok est conçu pour en offrir : likes, nouveaux commentaires, followers… – entraîne un pic de dopamine (surnommée l’hormone du plaisir), qui active le circuit neuronal de la récompense. C’est cette récompense aléatoire qui est le moteur de l’addiction.
Aussi, conclue Gilles Vernet, il est vital pour nous tous, et en particulier pour nos jeunes, de… lever les yeux. Et de recréer des ponts vers les mots pour nourrir le langage. Sans quoi, faute de mots, nous perdons notre capacité à exprimer une idée, un raisonnement, à verbaliser une émotion.
Alors que faire ?
Gilles Vernet point vers quelques reflexes essentiels pour les parents.
Du « temps d’écran » pour nous parents
Avant tout, la prise de conscience doit avoir lieu chez nous, parents. A nous de penser « temps d’écran » pour nous adultes, quand nous sommes en présence de nos enfants ; de prendre conscience que lever les yeux de son portable, c’est donner plus de place à la relation avec son enfant, à l’écoute, à une discussion.
Ensuite, donner à son enfant un portable doit aller de pair avec un usage contrôlé et conscient. Comme le fait remarquer Sabine Duflo, psychologue spécialiste de l’addiction aux écrans chez les adolescents : il nous arrive de surprotéger nos enfants dans la vie réelle alors qu’on tend à leur donner des portables sans contrôle ni limites, qui eux-mêmes ne sont pas sans danger.
Choisir des contenus de qualité: Privilégier les contenus éducatifs et interactifs plutôt que des contenus passifs (comme regarder des vidéos) qui peuvent avoir des effets négatifs.
Lire ensemble: La lecture est un excellent moyen de développer le vocabulaire et la compréhension.
Alors au terme de cette soirée-débat remuante et éclairante, je vous invite à regarder le documentaire Et si on levait les yeux avec votre enfant. Le film est en accès libre sur Publicsenat.fr – et également sur YouTube – une occasion de provoquer la discussion en famille.
A The Break, notre pont à nous vers plus de mots et plus de temps langagier, et auquel nous croyons beaucoup, c’est l’atelier d’écriture créative pour adolescents. Cette activité proposée aux 12-17 ans est à la fois ludique, introspective et créative :
📌 Un espace pour imaginer et fabriquer des histoires en confiance, en allant chercher des ressources internes parfois insoupçonnées
📌 Une activité pour s’améliorer en expression écrite, mais aussi redonner place au langage, écrit, parlé, pourquoi pas performé
📌 Un rendez-vous hebdomadaire en visio où se nouent souvent de belles amitiés.
Nos ateliers d’écriture créative ados en visio conférence live reprennent à partir du 28 septembre :
⏰ les jeudis à 18h15
⏰ les samedis à 10h
Sur 10 séances, des cycles complets pour fabriquer des histoires et des récits, fluidifier son expression à l’écrit comme à l’oral, rire, discuter, et créer des liens en groupes de 5.
Ce format aimé des collégiens et des lycéens est ouvert à tous ! Il reste encore quelques places ICI.
Des séances d’essai gratuites sont possibles. Pour nous en faire la demande, c’est par ICI.
* Le rapport du Haut Conseil de la Santé Publique sur les effets de l’exposition des enfants et des jeunes aux écrans (2019) établit des liens possibles entre l’utilisation excessive des écrans et des difficultés d’apprentissage ou de concentration
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